Quelques toponymes intéressants en Guyenne (III)
le Bancarel : diminutif de banca, à mettre en relation avec banca »rocher » (Cévennes) ou »culture en terrasses » (Ariège), rebanqueta »talus » (Ariège), bancal »carreau de jardin » (Rouergue), oc. bancau »gradin d’un terrain en pente », etc. Le dernier sens, le plus précis, semble à retenir.
Bartalbenque : composé de barta »fourré » et du mot albenca qui signifie »aubier » (du bois), mais les dérivés du latin albus »blanc » peuvent renvoyer de manière générale à des essences à bois tendre, ou à la couleur blanche. Donc il peut s’agir d’un fourré d’aubiers (saules blancs), d’aubépines…
Bosques de Griffoulet : soit »bois de la petite source », soit fort probablement »bois où pousse le houx » (grifolet, forme masculine de grifoleda qui est attesté, de grifol »houx »). Il faudrait vérifier la ou les signification(s) de grifol dans ce lieu.
le Brésil : type de sable grossier, grès, rocher friable.
Canto Luserp : »chante lézard » : lieux ensoleillé ? Ou déformation, comme de nombreux Cantelauze, Cantelauzet, Cantegrel, etc., de racines préromanes liées à la notion de roche, de relief ?
les Cartayroux : »quarterons », désigne sans doute de »petits quartiers », donc peut-être de petites parcelles, des parcelles divisées.
le Caussanel : sans doute un dérivé de cauce »causse, plateau calcaire » : »petit causse ? ». Toponyme présent à plusieurs reprises en Rouergue et Cévennes.
Cayrounasses : lieu pierreux, de cairon »bloc de pierre équarri ».
Coste Jalade : côte gelée. Effectivement, l’exposition est au nord-est.
le Frau : »friche, terre vague, lande inculte, en Querci, Rouergue et Limousin » (TDF). En Rouergue, afrau »ravin couvert de broussailles » (FEW).
Granède : ce doit être une mécoupure d’*agraneda, collectif végétal en -eda se rattachant probablement aux mots rouergats et languedociens agrunèl, agrunèla, agrunàs, agranàs, etc. »prunelle, prunellier ».
Jouncayralade : jonc »jonc » avec un triple suffixe : -air-, -al- , -ada. Autrement dit, un lieu rempli de joncs. Mistral cite joncairòla comme diminutif.
les Moussals : peut-être morçal »morceau, morsure » en Rouergue (d’où de petites pièces de terre ou un sobriquet), en sachant que -rs- se réduit fréquemment en -ss-, mais c’est très incertain.
Nègrenech : »nuit noire » ! A creuser…
le Pech de l’Igue : la colline du gouffre. Iga, en Rouergue et Quercy, désigne un gouffre ou aven (synonymes : tindol, avenc).
Peyregal : lieu pierreux, ou avec de la pierre qui s’effrite.
Poux des Estrémels : puits ou gouffre des cachettes (si c’est bien un gouffre, l’idée de cachette est compréhensible). Cf. rouergat estremador »cachette », dauphinois estremilha »cachette », v. estremar »cacher, éloigner, écarter ».
Pouxcobrol : puits où viennent boire les chèvres (ou éventuellement les chevreuils), ou gouffre où vont les chèvres.
las Rabugades : plutôt que de rattacher cela au dauphinois/languedocien rabugàs »rabougri », comme nous sommes en Guyenne, il est raisonnable de penser à rabugada/rebugada, participe passé de rabugar/rebugar »élaguer, émonder », soit »les (arbres) élagués, émondés ». En Bas Quercy, un rabugaire est un bûcheron.
Rieufourg : ruisseau fourchu (c’est bien le cas).
Roc de las Putos : ce n’est pas ce que vous pensez… Une déformation à partir d’une forme féminine de potz »puits, gouffre » ?? Assez incertain.
le Suquarel : diminutif de suc »colline ».
Trigodina : »tarde à dîner (à midi) » : lieu stérile, qui ne procure pas assez pour se préparer à dîner ? Sobriquet d’une personne ?