Ethnomycologie : la hiérarchisation des cèpes
Il existe dans ma culture familiale et personnelle une hiérarchisation des cèpes (comprendre « bolets », bien sûr). Il serait d’ailleurs intéressant de savoir ce qu’il en est chez d’autres personnes et dans d’autres régions, car il s’agit là d’un sujet d’ « ethnomycologie » qui ne doit pas être tellement exploré !
Voici donc ma hiérarchisation, dans l’ordre décroissant :
1re CATEGORIE – Les bons cèpes (ceux que l’on cherche activement) :
N° 1 – Le cèpe de Bordeaux & le cap negre (bolet tête-de-nègre), qui ne diffèrent que par la couleur du chapeau et semble-t-il (pour ce que j’ai pu constater de visu) par le genre de forêts où on les trouve.
N° 2 – Le cèpe « bleu » ou cèpe de châtaignier (bolet bai), que l’on trouve souvent en grandes quantités (mais qui pourrit facilement). Chez moi, on dira : « je suis allé aux cèpes, j’ai trouvé des vrais et des bleus », comprendre : « des cèpes de Bordeaux et des bolets bais ».
N° 3 – Le piple ou pible (bolet rugueux ou raboteux), souvent dédaigné. Il y en a en fait plusieurs sortes, notamment celui des bouleaux (plutôt gris), celui des charmes (plutôt brun), ou encore le piple rouge.
2e CATEGORIE – Les cèpes comestibles sans plus (ceux qu’on ramasse s’il n’y a pas mieux) :
N° 4 – Celui que j’appelle « cèpe de tilleul », de saveur douce mais fade, qui pousse sous les tilleuls du domaine de Malagar
N° 5 – Ce que j’appellerais « cèpe jaune », c’est-à-dire le type Suillus granulatus : petit, cuticule visqueuse, mais comestible
N° 6 – Le cèpe de pin (bolet des bouviers) : pire que le précédent, pousse facilement, devient rapidement élastique en séchant sur pied, peu charnu, et en plus il tache les doigts en marron de manière indélébile (le précédent aussi, je suppose)
3e CATEGORIE – Les cèpes « amers » (ou « bleuissants » pour les discréditer : « oh, ça c’est un bleuissant », alors que le bolet bai bleuit pourtant, mais c’est une exception) :
N° 7 – Le cèpe « rouge », « rougissant » ou « à pied rouge », c’est-à-dire Xerocomus chrysenteron et autres teintés de rouge mais avec une queue fine ; j’ai constaté par moi-même qu’ils peuvent être amers mais pas toujours !
N° 8 – Le gros cèpe que je vois souvent – avec déception – dans les endroits calcaires et qui s’appelle Boletus radicans (je ne lui connais pas de nom populaire, sinon que c’est un « bleuissant »)
N° 9 – Le « satan »
En présence d’un cèpe non identifié, s’il est rouge et/ou bleuissant, on le classe dans la 3e catégorie, sinon dans la 2e.